
Depuis le 12 juillet et le lancement de la nouvelle version de DoNotPay, tout le monde en parle : les chatbots juridiques vont venir remplacer les avocats sur la toile. Si nous n’en sommes pas encore là, la course au chatbot miracle est bien lancée…
Les chatbots font déjà bien partie de nos vies… mais qu’est-ce qu’un chatbot « intelligent » ? Un programme informatique simulant une conversation avec l’utilisateur en ligne grâce au « langage naturel » (le nôtre).
Depuis le début des années 2000, ils se se sont généralisés pour remplacer bon nombre de service clients en ligne, amorçant l’évolution d’une technologie toujours plus performante. En effet, jusqu’ici cantonnés à répondre à des questions simples s’appuyant sur des FAQs déterminés, nombreux sont ceux qui souhaiteraient faire passer les chatbots au niveau supérieur grâce aux progrès de l’intelligence artificielle.
De nombreuses interfaces « intelligentes » existent déjà sur le web et permettent un accès à une information juridique (LawBot analyse vos contrats, etc…), sans pour autant « chatter » avec nous. D’autres, véritables assistants juridiques, ont pris leur poste dans les cabinets américains à l’image du programme ROSS d’IBM Watson. Plus récemment sont apparus les programmes destinés à orienter le grand public vers une solution juridique, et qui devraient fortement impacter le secteur.
L’intérêt de mettre à disposition des justiciables de tels programmes est évident dans la démocratisation de l’accès au droit, à la lumière de l’étude récemment dévoilée par RocketLawyer lors de son lancement en avril dernier[1]. La consultation d’un avocat, en raison de son coût, est largement considérée par les particuliers comme une solution de dernier recours. Plus de 60% des particuliers se dirigent d’abord vers internet, navigant dans une masse d’informations peu lisible et adaptée à leur situation.
C’est ce à quoi tentent de remédier les deux principaux acteurs de ce secteur en pleine expansion, DoNotPay et Elexirr, été développés par des étudiants british et qui ont déjà fait leur preuve auprès du grand public sur des secteurs très limités (respectivement les demandes d’asile aux Etats-Unis et la contestation d’amendes de stationnement). Cherchant à généraliser le concept et migrant leurs interfaces sur Facebook Messenger pour atteindre le plus grand nombre, ils ont opté ensuite pour des modèles économiques bien différents. Elexirr s’est orientée vers la vente des technologies développées et la « prédiction », tandis que le bien nommé DoNotPay affiche clairement sa volonté de favoriser l’accès au conseil juridique pour tous, étendant sa solution à de nouvelles problématiques juridiques.
[1] Etude commandée par RocketLawyer à Kantar TNS
Mais si l’objectif initial de cet article était de mettre au banc d’essai les différentes solutions existantes, force est de constater que ces nouveaux outils sont encore en version bêta, peu conversationnels, et au final peu convaincants. Rien de très étonnant pour ces nouveaux nés d’entrepreneurs élevés au POC (Proof of concept, ou test préliminaire de faisabilité) et MVP (Minimum Viable Product, ou mise sur le marché anticipée d’un produit), usant d’Intelligence Artificielle se nourrissant d’expériences accumulées[1] : les chatbots feront leurs armes directement au contact des utilisateurs.
Les développeurs ont donc encore un peu de travail avant l’avènement de solutions fiables, capables d’appréhender toutes les nuances juridiques d’un cas et d’engager leur responsabilité sur le résultat. Mais il va bien falloir compter avec les chatbots dans les prochaines années… et c’est tant mieux : ils pourront bientôt rendre accessibles à tous l’information juridique de premier niveau.