Hackathon : l'innovation en « prêt à porter » ?

Le Hackathon : l’innovation en « prêt à porter » ?
  
Contraction de « hack » et de « marathon », le « hackathon » s’impose dans tous les secteurs et types d’organisations comme LA méthode d’innovation collaborative.

De quoi parle-t-on ?


Les hackathons réunissent des personnes (étudiants, entrepreneurs, développeurs, designers, experts...) autour d’un objectif commun (par exemple un développement informatique) nécessitant un travail continu sur un laps de temps court : en général entre 24 et 72 heures, soit une véritable course contre la montre. Le terme de « hackathon » a été pour la première fois utilisé en 1999 par John Gage (vice-président de Sun Microsystems, racheté depuis 2010 par la société Oracle) pour challenger des codeurs dans le développement d’une nouvelle fonctionnalité infrarouge pour un des ancêtres du smartphone.

Les conditions de participation sont assez ouvertes : il faut être capable de penser « out of the box », être ouvert d’esprit, être volontaire et au service du groupe, solidaire et savoir sortir de sa zone de confort. Souvent, les hackathons résolvent des problématiques par des solutions digitales (site internet, applications mobiles, robots...). Parfois, un jury prime, sous forme de prix (jusqu’à un million de dollars pour le hackathon de Salesforce !), les meilleures équipes à la suite de leur pitch (très courte présentation impactante et percutante du projet, on parle aussi « d’elevator pitch »).

Cette façon de contribuer sans rapport hiérarchique, très en vogue depuis quelques années, permettrait d’apporter une réelle valeur ajoutée aux projets. Comment ? Par la fameuse « intelligence collective », la compétitivité bienveillante qui règne lors de ces événements, et enfin des deadlines très courtes stimulant la créativité.

La philosophie du « win win » est très présente : chacun doit se retrouver gagnant, que cela soit en termes d’expérience ou d’enrichissement personnel, d’apprentissage de nouvelles techniques et outils, de rencontres ou d’élargissement de son réseau professionnel.

Et dans le secteur du droit ?


Les hackathons dans le secteur juridique sont plus récents. Mais depuis 2016, de grands noms du droit se sont appropriés cette méthode de création pour réinventer des solutions à destination de leur cabinet, comme Baker Mackenzie ou Herbert Smith Freehills. Ce mouvement culmine cette année en 2018 avec l’organisation du Global Legal Hackathon réalisé sur les 6 continents, tout l’écosystème du droit ayant été invité à participer plus d’info : https://globallegalhackathon.com).

Le hackathon serait-il une méthode adaptée aux remises en question des modèles traditionnels du secteur juridique ?

En proposant une solution en un temps record, il répond au besoin urgent des professionnels du droit d’innover au service de leurs clients. Il permet aussi de dépasser les résistances initiales en mettant les participants au travail autour d’un objectif concret. Les technologies se développant à une vitesse difficile à suivre, le hackathon porte la promesse de solutions adaptées et novatrices, dépassant le cadre des compétences d’un juriste même confirmé. C’est bien tout l’intérêt de l’hétérogénéité des profils et des compétences qu’il mobilise : entrer en résonnance avec d’autres besoins que ceux identifiés, prototyper des solutions plus rapidement, mettre la technologie au service des idées.

L’avis d’Arthur Sauzé, lauréat du Hackathon Justice Lab


Trouver de nouvelles solutions nous demande à tous de « penser en mode Legal Design », nous explique Arthur Sauzé, élève avocat lauréat avec son équipe du Hackathon Justice Lab (retrouvez son Interview avec le village de la Justice ici https://www.village-justice.com/articles/legaltech-hackathon-pour-participer-une-meilleure-administration-justice,27139.html) : « La formation du juriste consiste à ingurgiter de la donnée en masse, or aujourd’hui la donnée est ouverte. Il lui faut acquérir de nouvelles compétences ».

Le hackathon, avec sa promesse de travail collaboratif, est donc une expérience d’apprentissage pour le juriste. C’est aussi le moyen de cultiver une autre forme de raisonnement inductif peut-être moins familière et consistant, partant de faits particuliers, à arriver à une idée générale. Est-ce une réponse unique, ou de long terme, aux besoins d’innovation des professionnels du droit ? Rien n’est moins sûr. Si le hackathon permet « d’amorcer la pompe », il existe d’autres leviers complémentaires pour pérenniser la recherche de solutions dans le temps et faire mûrir des projets.

Lire aussi :
https://usein.univ-st-etienne.fr/2017/11/21/cest-quoi-un-hackathon/
https://www.welcometothejungle.co/articles/focus-hackathons-essentiel-a-savoir